La biothérapie contre les formes graves
Comment la prise en charge de la maldie a-t-elle évolué ?
En une dizaine d’années à peine, la vision du lupus a totalement changé. Longtemps gravissime et mortelle, cette pathologie est désormais, grâce aux progrès des traitements, devenue une maladie chronique. Un traitement précoce et adapté permet de limiter considérablement le nombre de poussées, leurs séquelles, et d’éviter une issue fatale, devenue aujourd’hui très rare. Les maladies du lupus ont gagné la même espérance de vie que le reste de la population. Les femmes, majoritairement touchées, peuvent désormais vivre une grossesse (lire page suivante). C’est une grande victoire qui ouvre d’autres problématiques dans la prise en charge d’une maladie désormais au long cours.
Quelles sont ces nouvelles problématiques ?
Les malades vivent plus longtemps et développent des complications que l’on n’avait pas le temps de voir apparaître auparavant. ils sont davantage sujets aux maladies cardiovasculaires que la population générale. Ce sur-risque semble imputable à la fois au lupus en lui-même et aux effets secondaires des traitements. La bonne santé cardiovasculaire des patients doit donc être surveillée, tout comme la toxicité des nouveaux remèdes.
Quelles avancées note-t-on du côté des traitements ?
Depuis quelques années, la biothérapie est un axe de recherche important dans la lutte contre les formes graves de lupus systémique. Une biothérapie a une action ciblée dirigée contre un acteur biologique de la réponse immunitaire. Cette cible peut être une cellule, comme le lymphocyte B, ou une cytokine, comme l’interféron. Pour l’heure, seul le belimumab – biothérapie dirigée contre un facteur de croissance des lymphocytes B – est disponible en France depuis 2011.
Mais 25 molécules de cette classe font actuellement l’objet d’essais cliniques auxquels participent activement le centre de la Salpêtrière. De nouveaux médicament devraient ainsi être disponibles dans les trois ans à venir.
Propos recueillis par M-N Delaby.