Alsace : un espoir pour traiter le lupus Un traitement contre le lupus, une maladie auto-immune handicapante, va être testé en phase III, sur des patients. Développé à partir des travaux de l’équipe de Sylviane Muller à Strasbourg, ce candidat-médicament semble très prometeur et pourrait être aussi efficace dans d’autres. UNE DECOUVERTE EXCITANTE: Le lupuzor est issu des travaux de recherche de l’équipe du Pr Sylviane Muller à l’IBMC à Strasbourg, Directrice de recherche au CNRS, à la tête du laboratoire Immunopathologie et chimie thérapeutique, lauréate 2015 de la médaille de l’innovation du CNRS et médaille d’argent en 2009, elle est tombée de façon inattendue sur ce produit. » Tout à commencé par une étude concernant des souris atteintes de lupus, explique la chercheuse. A cause d’une mutation particulière qui n’existe pas chez l’homme, ces souris développent une maladie très forte et très rapide. On s’est dit si on arrivait à trouver un outil thérapeutique chez ces souris, il y avait un sérieux espoir que ça marche chez l’homme. » Sylviane Muller synthétise la protéine correspondant au gène muté chez la souris puis génère à partir de la séquence de la protéine une série de peptides, des petits fragments de la protéine, qui se chevauchent. » On Dernière ligne droite pour le Lupuzor qui pourrait devenir le premier traitement spécifique non immunosuppresseur contre le lupus. En effet, après une réunion d’une centaine de médecins les 11 et 12 décembre à Paris, ce candidat-médicament entre phase III d’essais, avec le traitement d’un premier patient aux Etats-Unis ces jours-ci et une extension à 200 patients dans 45 centres aux USA et 35 en Europe à partir de la mi-janvier. Les résultats finaux de cette étude sont prévus fin 2017. Le lupus est une maladie auto-immune chronique qui touche plus de 5 millions de patients dans le monde : -une trentaine d milliers en France -dont 90 % sont des femmes. La maladie se traduit par la fabrication d’auto-anticorps qui s’attaquent à différents organes, peau, articulations, système vasculaire, cerveau et reins, y provoquant une inflammation douloureuse et pathogène. Il n’existe pas de traitement curatif de cette maladie, seulement des traitements palliatifs, des corticoïdes pour lutter contre l’inflammation et des immunosuppresseurs pour contrer la réaction auto-immunitaire. Mais ces traitements rendent les patients plus sensibles à d’autres infections. UNE DECOUVERTE EXCITANTE : Le lupuzor est issu des travaux de recherche de l’équipe du Pr Sylviane MULLER à l’IBMC à Strasbourg. Directrice de recherche au CNRS, à la tête du laboratoire Immunopathologie et chimie thérapeutique, lauréate 2015 de la médaille de l’innovation du CNRS et médaille d’argent en 2009, elle est tombée de façon inattendue sur ce produit. » Tout a commencé par une étude concernant des souris atteintes de lupus, explique la chercheuse. A cause d’une mutation particulière qui n’existe pas chez l’homme, ces souris développent une maladie très forte et très rapide. On s’est dit que si on arrivait à trouver un outil thérapeutique chez ces souris, il y avait un sérieux espoir que ça marche chez l’homme. » Sylviane MULLER synthétise la protéine correspondant au gène chez la souris puis génère à partir de la séquence de la protéine une série de peptides, des petis fragments de la protéine, qui se chevauchent. « On savait que la protéine de départ était reconnue par les lymphocytes T de la souris. On a cherché quels étaient les peptides qui étaient reconnus par ces lymphocytes. » Les lymphocytes T sont des cellules du système immunitaire très importantes dans la reconnaissance des cellules étrangères à l’organisme. » A notre grande surprise, poursuit Sylviane MULLER, un seul de ces peptides a été très bien reconnu par les Lymphocytes T et par les autres. » Une fois le peptide identifié, les chercheurs le manipulent en lui collant des fonctions chimiques supplémentaires, pour limiter les modifications qui peuvent se produire dans la cellule sur une protéine, après sa fabrication à partir d’un gène. Ils isolent ainsi un peptide phosphorylé qui a un effet très fort sur les souris malades. » Il allongeait leur durée de vie et réduisait les effets de l’inflammation. » Dénommé P140, le peptide est breveté par le CNRS et Sylviane MULLER crée avec d’autres investisseurs une start-up basée à Mulhouse, ImmuPharma, qui détient la licence exclusive du P140 devenu depuis Lupuzor. » En 2015, poursuit-elle, on a pu publier le mécanisme d’action de ce peptide. Et constater qu’il empêchait la présentation des auto-antigènes aux lymphocytes T, bloquant ainsi le phénomène d’auto-immunité. » ADMINISTRATION MENSUELLE A TRES FAIBLE DOSES : Les premières phases d’essais cliniques ont montré une quasi-absence d’effets secondaires. Outre cette très bonne tolérance, le peptide est actif à de très faibles doses. Et contrairement aux traitements immunosuppresseurs qui doivent être administrés quotidiennement, il suffit d’une administration mensuelle pour obtenir un effet probant chez la souris. D’où sans doute aussi, un coût moindre en termes de traitement. Reste à savoir si les essais en phase III chez les patients vont marcher. » Nous sommes sur ce que l’on appelle une étude pivot, relève la directrice de recherche. Si ça marche, le Lupuzor devrait très vite obtenir une autorisation de mise sur le marché par la FDA car on est sur une niche thérapeutique, avec une absence de traitement médicamentaux. » Plus important encore, le mécanisme d’action du Lupuzor découvert par l’équipe strasbourgeoise pourrait peut-être s’appliquer dans d’autres maladies auto-immunes chroniques, comme la maladie de Crohn, (une inflammation de l’intestin), le syndrome de Sjögren (maladie des yeux secs), voire dans la polyarthrite rhumatoïde ou la sclérose en plaques. Ces pistes de recherche sont en tout cas actuellement activement explorées par le laboratoire de Sylviane MULLER. RECONNAISSANCE Sylviane MULLER a été retenue avec huit autres femmes comme finalistes du concours du prix de l’Union européenne des femmes entrepreneuses 2016, annonce faite la semaine dernière à Bruxelles par la Commission européenne. Les concurrentes ont toutes bénéficié de fonds européens alloués à la recherche et à l’innovation à un moment de leur carrière et ont toutes fondé ou co-fondé une société basée sur leurs idées innovantes. Trois lauréates seront courronnées en mars prochain. Mais selon Carlos Moeda, commissaire européen pour la recherche, la science et l’innovation, » les résultats remarquables de toutes ces femmes candidates au prix méritent d’être reconnus. Elles ont travaillé très dur, ont pris des risques et ont parfois connu l’échec, mais elles ont toutes persévéré pour réaliser leurs rêves. C’est cet esprit dont nous avons le plus besoin en Europe. » Geneviève DAUNE-ANGLARD, L’ALSACE, le 22/12/2015
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